La Cité des Sciences et de l’Industrie propose jusqu’au 7 janvier 2018 une exposition sur les données numériques : Terra Data. Cette dernière nous donne notamment l’occasion de mieux comprendre les apports des données dans plusieurs secteurs, dont celui de la culture. Nous allons parler de deux exemples, l’un artistique, l’autre historique, qui m’ont particulièrement marquée au cours de la visite.
Réalisée par la Cité des Sciences et de l’Industrie, Terra Data s’inscrit dans un contexte où nous sommes entourés d’objets connectés et d’appareils électroniques. Elle apporte des réponses à plusieurs questions : à quoi servent ces données ? Comment agissent-elles sur notre existence ? L’exposition a été mise en place grâce au soutien de l’INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique) et avec l’aide du public.
Un plongeon dans le monde des pixels
Terra Data prend place dans un espace fermé où sont disposées trente tables carrées, la plupart interactives, rappelant ainsi le monde des pixels. La visite se déroule en 4 temps, sous la forme d’un parcours de découverte. Chaque phase correspond à une question : les données, qu’est-ce que c’est ? Les données, comment les traite-t-on ? Les données, qu’est-ce que ça change ? Les données, où ça nous mène ?
Dès le début de la visite, on nous apprend que l’humanité a produit et continue de créer chaque jour une quantité massive de données, devenue difficile à gérer : le “big data”. Par la suite, plusieurs dispositifs interactifs permettent de mieux comprendre l’utilité des algorithmes servant au traitement de ces gros volumes de données. Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte !
Avis aux amateurs d’art et de patrimoine
L’exposition est interactive en mettant à disposition plusieurs outils numériques. Deux d’entre eux ont particulièrement retenu mon attention, en raison de leur spécificité culturelle.
Tout d’abord, l’algorithme Replica : il permet de générer un flux similaire d’œuvres d’art possédant toutes un point commun. Il peut s’agir aussi bien des mêmes tons de couleur, que du même genre artistique (peinture d’histoire, nature morte, portrait…), ou du type de personnage représenté (femme, homme, noble, religieux…). Ce tri de tableaux numérisés est possible grâce à des algorithmes servant à croiser et à analyser de nombreuses données selon certaines modalités. Cette expérience s’inscrit dans la même logique que la reconnaissance faciale, qu’il est également possible de tester au sein de l’exposition.
Ensuite, “Venice Time Machine” : il s’agit d’un projet qui a permis de modéliser en 3D la ville de Venise et son empire méditerranéen de 980 à nos jours. Il a été mis en place par l’Université polytechnique fédérale de Lausanne, l’université Ca’Foscari de Venise, les archives d’État de la ville et la fondation Giorgio Cini. “Venice Time Machine” a été possible grâce à la numérisation de 80 kilomètres d’archives et à l’analyse de bases de données. Ce travail conséquent a permis d’obtenir des images digitales de chaque document d’archive. Ces images ont été ensuite analysées avec des algorithmes dans le but de créer les données manquantes à partir des existantes. Des historiens se sont également chargés de l’analyse des documents digitalisés afin d’en retenir les informations principales telles que les lieux et les noms des vénitiens. Enfin, la modélisation a été possible pour reconstruire les entités présentes dans les documents. Ainsi, ce projet s’inscrit dans une logique de meilleure compréhension du passé grâce aux outils numériques du présent. Comme à l’image d’un “Google Map” temporel, “Venise Time Machine” permettra aussi bien aux historiens qu’au grand public de se promener dans Venise pour y rencontrer ses habitants au fil des siècles et découvrir leur quotidien. Qui n’a jamais rêvé de voyager dans le temps ? Cette expérience est un pas en avant dans la reconstruction des villes dans l’histoire. Pendant l’exposition, une vidéo impressionnante sur grand écran nous permet d’avoir un aperçu de la reconstruction du quartier du Rialto grâce aux algorithmes. C’est ici que se sont installés les premiers marchands vénitiens et que la construction de la ville a commencé.
Découvrez aussi le reportage « Remonter le temps à Venise » de la chaîne RTF (11 min)
Mon avis
Terra Data est vraiment au cœur du phénomène actuel de l’augmentation massives des données numériques dans notre quotidien. L’exposition apparaît comme une prise de conscience et permet de sensibiliser les visiteurs aux usages numériques et à la protection de la vie privée tout en montrant les possibilités infinies que permettent toutes ces données. Elle se veut également pédagogique puisqu’il est possible de mettre directement en pratique ce que l’on vient d’apprendre. Pour cela des jeux interactifs à faire seul ou à plusieurs sont disponibles comme réaliser un nœud de cravate avec des algorithmes ou des quiz.
Côté patrimoine, c’est aussi l’occasion de comprendre comment les datas servent l’histoire. À travers le projet “Venice Time Machine”, nous voyons que les algorithmes ont permis d’obtenir une base de données qualitative sur la ville et ses habitants.
Une expo à faire en famille ou entre amis !
Pauline Werth pour Tipicomm
Fiche technique
Site : exposition Terra Data
Ouverture : du 4 avril 2017 au 7 janvier 2018
Lieu : Cité des Sciences, Paris